Publié : 21 décembre 2004
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Le voleur de rêves

Il était une fois, près de Chouzy sur Cisse, un vieux sorcier qui se nourrissait des rêves des enfants. Il se glissait la nuit près des maisons, marmonnait des formules compliquées et pfft ! une vapeur bleue s’envolait que le magicien aspirait goulûment. Les enfants sans rêves n’avaient plus de goût à rien, plus d’envies, plus de rires. Mois après mois, le village devenait de plus en plus silencieux et l’endroit le plus silencieux était la cour de récréation de l’école.

Une nuit, le sorcier s’arrêta près de la maison d’un enfant nommé Alex qui était très gourmand, surtout pour les bonbons. L’horrible bonhomme récita sa formule puis partit se reposer.

Le lendemain matin, Alex se leva mollement, avala sans plaisir son bol de céréales puis partit tristement pour l’école. Le sorcier, lui, se réveilla en pleine forme. Il dévora douze tartines beurrées, deux bols de céréales, un chocolat chaud, un sandwich au saucisson puis partit se promener. Il passa devant la boulangerie, y entra et acheta 20 Malabars, 47 Pimousses au cola, 5 boîtes de Tic-tac et 7 fraises tagada.

Pendant toute la journée, il passa de la boulangerie à la charcuterie, de la charcuterie à la boulangerie et s’acheta de la nourriture qu’il allait manger au bord de la Cisse.

Le soir venu, le sorcier décida d’aller voler à Alex ses derniers rêves gourmands. Il passa derrière la maison et commença à réciter. La formule commençait par : « J’appelle les puissances ténébreuses... ». Mais comme il ne pouvait plus s’empêcher de mâcher trois malabars à la fois, cela donnait : « Ch’abelle les buissanss kénébrass... ». Il fut bientôt entouré de fumées bleues car tous les rêves d’enfants qui l’avaient maintenu en vie si longtemps lui échappaient. Pour se donner du courage, il sortit en tremblant une boîte de Tic-tac, la renversa, glissa sur les bonbons, tomba dans l’escalier de la cave... et se transforma en un gros crapaud.

Aujourd’hui, si vous passez près de l’école à l’heure de la récréation, vous entendrez des cris, des rires et des poursuites joyeuses. Mais si vous vous arrêtez une nuit d’été près de la Cisse, parmi les coassements des grenouilles, vous entendrez le chant triste d’un gros crapaud qui se souvient des Pimousses au cola.

Camille et Émilie